Les arrivées de personnes sollicitant l’asile, depuis le maghreb ou la Turquie, vers les côtes italiennes, se poursuivent à un rythme soutenu.
Il y a quelques jours seulement, un nouveau drame humain s’est soldé par la mort de 8 enfants, 4 femmes et 4 hommes dans le naufrage d’une embarcation, à quelques 1600 kilomètres des côtes calabraises, en mer ionienne.
Mais l’Italie du gouvernement d’extrême-droite de Giorgia Meloni, polarisant toujours le débat sur l’immigration, et la gestion des flux de personnes, a résolu d’externaliser pour partie leur prise en charge en Albanie.
Le pays a en effet lancé la construction de camps pour migrants chez le voisin situé de l’autre côté de l’Adriatique.
L’ initiative, inscrite dans la logique d’externalisation migratoire de Giorgia Meloni, suscite des réactions négatives parmi les habitants locaux, alors que le gouvernement albanais soutient le projet.
Un village rural situé à 80 kilomètres de Tirana se transforme à toute vitesse pour installer les algeco cernés de barbelés, destinés à accueillir les personnes migrantes. Provocant l’ire des habitants, qui n’ont pas été consultés, et se demandent pourquoi l’Italie n’est pas à même de les créer sur son territoire.
Une cité balnéaire, située à proximité, craint en outre de payer le prix économique de l’installation de ce camp de transit.
Des panneaux en italien apparaissent sur les préfabriqués, que Meloni est venue inaugurer en compagnie de Edi Rama, Premier ministre de l’Albanie, en conclusion de la campagne des élections européennes. Ils ont visité le centre d’identification du port de Shëngjin et le chantier du centre de rétention de Gjadër.
Le projet est évidemment le fruit d’un accord bilatéral, signé en novembre 2023 pour cinq ans, entre Rome et Tirana. Celui-ci prévoit le transfert de migrants secourus en Méditerranée vers l’Albanie, où ils séjourneront en attendant le traitement de leurs demandes d’asile.
Les autorités italiennes géreront ces centres, qui devraient accueillir jusqu’à 36 000 personnes par an. L’ouverture, prévue avant les élections européennes, a été reportée au 1er août 2024.
Les opposants albanais au projet dénoncent non seulement la perte de souveraineté de l’Albanie, mais soupçonnent Edi Rama de vouloir détourner l’attention des scandales de corruption et de collusion avec le crime organisé…
Ce projet, pourrait devenir un modèle pour la gestion migratoire en Europe, pour la Présidente du Conseil italien.
Toutefois, contrairement à l’accord entre le Royaume-Uni et le Rwanda, l’Italie ne transfère pas ses responsabilités en matière d’asile à l’Albanie. Les sites de Shëngjin et Gjadër seront des zones italiennes, opérées par des fonctionnaires italiens et appliquant le droit italien.
Les coûts pour ces installations sont considérables, et estimés à 650 millions d’euros sur les cinq prochaines années, incluant les dépenses techniques, les dédommagements des forces de l’ordre albanaises et les frais de transport entre l’Italie et l’Albanie.
Mais la sinistre histoire n’est peut-être pas arrivée son terme : des juges italiens se sont autosaisis du dossier, comme ils le font sur d’autres questions, afin de vérifier la constitutionnalité de telles conventions.
Matteo Pïantedosi, ministre de l’Intérieur a par ailleurs dû abroger une partie de son propre décret, instituant ces centres, notamment l’aspect relatif aux garanties financières attendues des étrangers, considérées par de nombreux juristes comme illégales.
Par ailleurs la Cour européenne des droits de l’Homme devrait également se prononcer prochainement…